Le vent jaune

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Autant le dire d’emblée : le Vent jaune, de David Grossman est un livre qui fait date. On n’avait rien écrit d’aussi sensible et clairvoyant sur le tragique face-à-face entre Juifs et Arabes depuis les désormais célèbres Voix d’Israël, d’Amos Oz, parues en 1983. Il y a d’ailleurs entre ces deux récits un air de famille qui tient à leur genèse.

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Description

Autant le dire d’emblée : le Vent jaune, de David Grossman est un livre qui fait date. On n’avait rien écrit d’aussi sensible et clairvoyant sur le tragique face-à-face entre Juifs et Arabes depuis les désormais célèbres Voix d’Israël, d’Amos Oz, parues en 1983. Il y a d’ailleurs entre ces deux récits un air de famille qui tient à leur genèse.

A la demande de l’hebdomadaire de gauche Koteret Rachit, David Grossman sillonna pendant quatre semaines _ c’était en mars 1987 _ la Cisjordanie et Gaza. A la différence d’Amos Oz _ romancier comme lui et de quinze ans son ainé, _ qui avait exploré l’Israël des profondeurs, Grossman limita son voyage aux  » territoires « . D’où une vingtaine de brèves et fortes rencontres avec Arabes et Juifs, le plus souvent inconnus. Racontée en feuilleton lors du 20e anniversaire de la guerre de six jours, cette brillante chronique de l’occupation au quotidien eut une large audience. Elle devint un livre, déjà cinq fois réédité en Israël, et maintenant publié en France.

Las et frustré de  » voir les Arabes a l’envers « , Grossmann voulut comprendre, sans haine ni complaisance, comment trois générations de Palestiniens endurent, jour après jour, leur condition de peuple occupé. Résolu à affronter leur  » présence accusatrice « , il les rencontra là où ils vivent, travaillent, souffrent et se révoltent.

Dans leurs camps, les réfugiés de tout âge manifestent une immense et tenace « faculté d’attendre ». « En tant que juif, observe Grossman, je comprends cela parfaitement. » Entrainés depuis l’enfance à cette double existence, « ils sont là, bien là, parce que la misère est le tyran de la lucidité ; mais ils sont aussi là-bas, c’est à dire chez nous », dans les villages et les villes abandonnés il y a quarante ans, Ils sont ailleurs, « dans un passé de gloire ou un futur de rêve ». « la chose la plus présente ici, c’est l’absence. »

Constat de l’absurde

A Wadi Elfoukine, quelques centaines d’anciens réfugiés _ leur histoire est unique _ retrouvèrent leur terre, vingt-quatre ans après. Là, le vieil Abou Harb _ quatre-vingt-cinq ans et « mémoire » du village _ prédit à Grossman que viendra bientôt « le vent jaune », ce vent brûlant qui souffle une ou deux fois par siècle, et extermine « ceux qui ont commis l’injustice et la cruauté »…