Description
Au corps des jeunes filles, on demande d’abord la séduction de la beauté et de la grâce, mais aussi la virginité et la chasteté. Du » corps vu » au » corps imaginaire » ou rêvé en passant par le » corps social « , ce livre se propose de montrer comment le corps virginal, objet de séduction et de violence, transforme la » nature féminine » en véritable enjeu, et cela dès l’Antiquité jusqu’aux plus récentes décisions politiques. La conquête de l’autonomie du corps de la jeune fille passe parfois par une affirmation ostentatoire qui oscille du nu au dénudé, mais elle s’accompagne aussi de doutes et de souffrances, dans un temps de confusion et de fragilité. Une tenace contradiction existe en effet entre l’idéalisation du corps féminin et la convoitise incessante dont il est l’objet : on le perçoit dans les romans grecs du début de l’ère chrétienne, par exemple, ainsi que dans la littérature des Lumières. Cette contradiction se lit aussi dans l’apprentissage violent du désir masculin : à l’exploitation politique du thème du viol des jeunes filles dans la France de la fin du Moyen Age répond d’une certaine façon le travail théorique autour des canons qui dessinent le modèle esthétique et spirituel de la jeune fille » nouvelle » dans l’Europe occidentale contemporaine. A une époque où le corps de la jeune fille est présenté comme une icône, ce livre en rétablit l’histoire tourmentée.