Description
« Tant de trésors me reviennent à la mémoire : le lavoir, le travail du maréchal-ferrant, l’étude du soir dans la bonne odeur du poêle à bois, l’arrivée des gitans, du cirque, des rétameurs, l’odeur suffocante de l’alambic sur le chemin de l’école, les foins de juin sous la ronde folle des hirondelles, les moissons, le petit âne des jeudis matin qui transportait les colis de la gare, le garde-champêtre et son tambour, la pêche aux écrevisses, la musique des manèges lors de la fête foraine, la neige sur le chemin de l’école, les grandes foires, les cloches et les sabots de Noël, la traite des vaches et la distribution du lait en compagnie de ma grand-mère, les bouillottes de l’hiver, les vendanges, le foirail entouré de grands ormes séculaires ; tant de choses encore qui restent intactes dans ma mémoire et le resteront toujours. Car, au-dessus de mon village, le ciel est toujours bleu. Il est sorti du temps. Il vit en moi, comme vivent tous ceux qui l’habitaient alors, à commencer par mon grand-père et ma grand-mère qui furent les premières pierres précieuses d’un monde, d’une époque, dont je n’ai pas assez profité, pour n’en avoir vraiment mesuré la richesse et la fragilité que trop tard.
Ce village, je le sais, j’en suis sûr, c’était un avant-goût du paradis. »