Description
Un phénomène , dans le langage courant, désigne un être singulier, attachant et fugace. Celui de Valentine se nomme Baptiste. Ils se sont aimés quand ils avaient les âges de Juliette et de son Roméo : quatorze et dix-sept ans. Pour l’amour de Baptiste, Valentine s’est évadée d’un pensionnat et, avec un entrain passionné, a transgressé les interdits d’une époque encore conventionnelle mais déjà remuante, celle du président Auriol et de Boris Vian, de la guerre d’Indochine à celle d’Algérie. Baptiste et Valentine étaient prêts à tout : déjouer les embrouilles des grandes personnes, rebaptiser Baudelaire, rivaliser de fierté, faire sauter la tour Eiffel, se séparer et, même, être heureux ensemble, très longtemps. Projets auxquels la mort violente et mystérieuse de Baptiste mettra un terme. Un terme ? Voire. Car le propre des phénomènes est de se transmuer en fantômes quand cela les arrange. Et comme Valentine, c’est sûr, est douée de médiumnité, Baptiste, invisible mais présent, ne cessera de surgir à ses côtés, de lui parler et de la protéger des pièges de la vie. Elle aura un mari, des enfants, des amants. Elle fera le tour du monde. Grâce à Baptiste, elle échappe aux affres du temps qui passe, de la solitude dans son appartement délabré ; elle a des clochards pour amis et sable le champagne avec un cambrioleur surpris chez elle. Elle peut tout oser. Elle est invulnérable. Parfois, le soir, elle descend sur le quai de la Seine où Baptiste l’attend sous un petit saule qui, l’été, trempe ses cheveux dans l’eau. Adieu, phénomène ! Adieu , parfois, veut dire : bonjour !